LE DÉVELOPMENT AUTOCENTRÉ CONTRADICTOIRE

Résumé

Ps: tiré de l'introduction de l'article

La  discussion  sur  la  nécessité  du  développement  autocentré  est devenue  abondante.  Certains  aspects  du  développement  autocentré sont  entrés  même  dans  les  théories  les  plus  libre­échangistes,  qui prônent  une  nouvelle  spécialisation  inégale  du  Tiers­Monde  sur  des produits  intensifs  en  travail.  N'entend­on  pas  de  ce  côté  qu'une  telle stratégie  devrait  être  combinée  avec  des  mesures  complémentaires, comme  des  réformes  agraires  ?  Mais  la  théorie  du  développement autocentré manque toujours d'une certaine cohérence. Des promoteurs nous indiquent que le développement autocentré n'est pas l'autarcie : Mais à quel degré faut­il rester en contact avec le marché mondial ? D'autres saluent les succès de l'OPEP en soulignant la possibilité de dégager des  ressources  financières  pour  promouvoir  l'investissement en  vue  du  développement  autocentré.  Mais  en  même  temps  ils critiquent  la  dépendance  technologique  à  partir  de  l'importation  de biens  d'équipement.  Or,  la  rente  pétrolière  ne  peut  être  appropriée qu'en important des biens et des services. Ou bien on prône la baisse des prix des matières premières, ou bien on prône leur hausse et dans ce  cas,  il  faut  accepter  des  importations  accrues.  La  théorie  du développement autocentré devrait permettre de déterminer non pas si l'on  importe  des  biens  d'équipement,  mais  combien  et  de  quel  type. D'autres  auteurs  encore  transforment  le  concept  de  développement autocentré en une "stratégie" de développement de petites unités, sans nous préciser comment ces petites unités doivent être coordonnées. Le présent article essaie de déterminer comment un pays sous­développé peut créer les structures économiques de base pour un développement autocentré.  Celui­ci  est  défini  comme  développement  orienté  vers  la création d'une capacité de production de biens d'équipement locale qui peut  permettre  d'augmenter  la  productivité  de  la  masse  des producteurs  et  par  là  leur  consommation  par  le  mécanisme  suivant  : s'appuyer  sur  les  besoins  des  masses  pour  pouvoir  assimiler  des technologies  importées,  imitées  ou  adaptées  et  moderniser  des technologies  traditionnelles.  Production  locale  de  biens  d'équipement et  expansion  du  pouvoir  d'achat  de  la  masse  des  producteurs  se conditionnent mutuellement.